Mourad Battikh vs Bassem : l’influence frériste façon “good cop, bad cop”
Maître Battikh, qui en ce mois d'août assigne Bassem au tribunal pour racisme, use pourtant des mêmes méthodes que le youtubeur, oeuvrant lui aussi pour l'islam.
Camarade ! Toi qui tiens à ta santé mentale, il est fort possible que le nom de Bassem Braïki ne te soit pas familier. Ancien rappeur, influenceur, blogueur, ce franco-tunisien est pourtant une star des internets et de Telegram, où il œuvre sous le nom de Bassem, lors de lives et de vidéos adressés aux Maghrébins. Un gars “controversé” comme on dit à gauche pour désigner quelqu’un qui ne pense pas comme soi, même si nous verrons que Bassem n’est pas vraiment de droite, ni vraiment de gauche d’ailleurs, mais bien plutôt agité par un tropisme clairement islamo-tribal dont les principes tombent sous le coup de la loi républicaine.
Un chouette CV judiciaire
De ce point de vue, 2016 fut pour Bassem une année faste : en mars, il est condamné à cinq mois de prison ferme pour outrages et menaces envers un policier ; en avril, il fait l’objet d’une plainte pour avoir appelé au meurtre antisémite, dans une vidéo dans laquelle il s’en prend au hacker israélien Ulcan ("On va refaire une Ilan Halimi, appelez-moi Youssouf Fofana") ; en mai, il est condamné à un an de prison, dont six mois avec sursis, pour violences en réunion contre un handicapé. Entretemps, il incite à s’en prendre à Booba, au point de faire annuler un de ses concerts. Fin novembre, il jette en pâture à ses auditeurs deux frères iraniens, qu’il accuse de pédophilie. À la suite de quoi, un des deux hommes sera passé à tabac ; il en aura pour six jours d’ITT. Bassem s’excuse et rappelle ses troupes : tout compte fait, l’accusation de pédophilie était infondée... Tiens donc.
En août 2018, il fait l’objet de plaintes pour incitation au meurtre et à la haine, suite à ses propos sur les homosexuels, tenus durant un live : “Les homosexuels, il faut vous soigner. (...) Tu prends un Efferalgan, tu mélanges avec du cyanure, puis ça va vous soigner (…). Faut éradiquer ce phénomène, la tête de ma mère, trop c’est trop." Des associations portent plainte, dont Le refuge. Il sera condamné à huit mois de prison avec sursis. Malgré les excuses présentées au tribunal, il récidive en avril 2023, visé par une autre plainte pour homophobie : il avait cette fois appelé à “écraser ces chiens de l'enfer”. On sait désormais ce qu’il faut penser des excuses de Bassem.
Comme tu l’auras compris, camarade, monsieur n’aime ni les Juifs, ni les homos. Le protocole suivi lorsqu’il prétend “faire justice” est toujours le même : insultes et invectives, invention éventuelle d’un délit, appel au meurtre sur les RS ou Telegram, mobilisation des pioupious des kartchiers lancés aux trousses de ceux qu’il désigne, puis, une fois la personne tabassée ou la plainte tombée, excuses en mode “oups, désolé, tout ça n’est qu’un malentendu, starfallah frérot wesh”.
Par delà ses éructations et son goût de l’humiliation (on peut ainsi s’interroger sur les pulsions masochistes des femmes qui interviennent sur son live, femmes qu’il désigne par ailleurs assez systématiquement par le terme de “kahba” (putes), qui en devient dans sa bouche quasiment un synonyme), les pratiques de Bassem relèvent de la diffamation, du doxxing1 et de l’appel au lynchage. Le comportement et la tenue de ses “oukhty”, ses sœurs en islam, font partie de ses obsessions : il infiltre leurs lives pour les terroriser, pratiquant avec elles ce qui n’est rien d’autre qu’une police des mœurs. Comme en témoigne très concrètement cette vidéo, c’est bien Bassem qui met en œuvre l’invisibilisation des femmes musulmanes dont les “féministes islamiques” comme Hanane Karimi nous rebattent les oreilles. Pas le législateur français.
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