Hanane Karimi, pur produit de la stratégie frériste
Comment assurer son ascension sociale grâce au narratif du féminisme islamique et pipeauter sur ce qu'est l'islam.
Hanane Karimi, maître de conférence en sociologie à l’université de Strasbourg depuis 2020, n’est pas nécessairement connue du grand public. Son parcours, ou plutôt le narratif censé le retracer, n’en est pas moins intéressant, en ce qu’il constitue un modèle de stratégie frériste. C’est en effet sur le récit de sa vie que Karimi a fondé son personnage public de musulmane-voilée-et-militante-féministe, ainsi que la carrière universitaire qui lui est indissociablement liée. Cf sa fiche de poste, que voici que voilà.
Petite remarque en passant : de toute évidence, le requisit principiel de la recherche universitaire, à savoir l’extériorité du chercheur à son objet d’étude, n’est pas ici de mise. Le “domaine de recherche” de Karimi en effet, c’est elle-même, sa vie, son œuvre, le tout placé sous la double égide militante et musulmane : deux critères que l’on pensait résolument hors champ, s’agissant des exigences académiques, mais visiblement, en fait, non, pas du tout. Passons...
Pour revenir au parcours de vie de Karimi, n’existe publiquement de celui-ci que ce qu’elle en raconte, dont nous n’avons pas les moyens de vérifier la véracité. C’est donc à son narratif que je vais m’intéresser, lequel a largement fait la preuve de sa efficacité, l’ayant menée en moins de dix ans du statut de mère au foyer, sans emploi et divorcée à celui d’universitaire médiatisée. Situation qui lui permet de diffuser l’idéologie islamiste en toute sérénité, cautionnée et financée par l’institution académique et les réseaux internationaux de recherche. Mais de cela en particulier, camarade, nous parlerons dans un prochain épisode.
Étape 1 : faire exister le personnage
La stratégie s’enclenche par un article publié sur un site frériste. Les frangins sont de grands pragmatiques : Karimi à ce stade est inconnue au bataillon, ce qui frappe d’impossibilité tout passage par un média mainstream. En avril 2013, ce sera donc Imane magazine qui dressera son portrait : la jeune femme se présente en “militante religieuse”, féministe musulmane faisant la part des choses entre traditions culturelles et islam, ayant notamment créé une association d’étudiants à Nancy. Pendant l’interview, elle précise entamer un doctorat en sociologie à l’université de Strasbourg. “L’islam porte un message libérateur, il porte également un message émancipateur pour la femme et empreint de justice sociale”, dit-elle. C’est évidemment faux, mais l’apposition de ces éléments de langage à l’islam permet potentiellement de toucher la jeunesse militante non musulmane, représentée par les précurseurs des wokistes, les “Social Justice Warriors” qui bataillent alors sur les réseaux sociaux. Elle annonce, toujours dans cette perspective, que son doctorat sera consacré à “l’articulation entre genre et islam dans la situation post coloniale en France”. L’approche est intersectionnelle et décoloniale, ce qui correspond aux nouveaux canons universitaires, à l’époque peu visibles pour l’opinion publique, mais néanmoins présents, actifs et en pleine expansion.
Le portrait dans Imane magazine crée le point d’appui qui permettra aux journalistes de la presse nationale d’identifier Karimi lorsque celle-ci, quelques mois plus tard, se livrera à son premier coup d’éclat.
Étape 2 : youhou, c’est la bagarre à la mosquée de Paris !
Quel sera donc le happening qui la propulsera sur le devant de la scène mainstream, hors du ghetto frériste ? Mis au point par de fins scénaristes sans doute adeptes du burlesque, le narratif a prévu dans le grande salle de la mosquée de Paris une empoignade physique entre Karimi, ses copines, et le patriarcat, incarné en l’occurrence par le recteur, Dalil Boubakeur, et les fidèles présents ce jour-là. Monsieur le recteur a pourtant l’air d’un bien brave homme, non ?
Cyclotron, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons
Courant décembre 2013 en effet, Karimi et ses acolytes auraient exigé de celui-ci que les femmes, apparemment reléguées au sous-sol du bâtiment, prient dans la même salle que les hommes. Demande que Boubakeur aurait, toujours selon le narratif, refusée. Qu’à cela ne tienne : un vendredi, elles font irruption dans la salle où prient les hommes, aussitôt chassées par ces derniers. Elles portent plainte pour coups et blessures. La mosquée de son côté dément toute violence à leur encontre. La mayonnaise monte : Boubakeur veut à son tour porter plainte, affirmant que le groupe n’avait jamais été vu dans sa mosquée, que son action à ce titre relevait sans doute d’une provocation planifiée, et que ces femmes n’avaient à aucun moment été maltraitées. Où se trouve la vérité, nul ne le sait. Mais comme toujours avec l’islamisme roudoudou, cela n’a aucune importance : seule compte la communication au service d’Allah.
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