Malik Farès, prosélyte roudoudou du muslim standup
Comment prendre les Français pour des débiles tout en les mettant sur la glorieuse voie d'Allah.
Entre les murs de la Divine comédie, le 8 juin 2024, j’assistai au spectacle de Malik Farès, En famille. Après la première partie du jeune Tibo, qui malgré un prénom et un physique “de souche”, cultive un bel accent blédard (normal, il est marrrrseeeeeeillèèè), arrive sur scène Malik Farès. Lequel illico expose son trauma : “J’ai mis très longtemps à accepter ma double culture, entre mes origines algériennes et la France”. Ouhlala. Pas facile, la vie d’artiste. Et puissamment original, le motto ethno-identitaire, redondant chez les muslim standuppers dont les sketchs semblent reposer, non sur leur talent individuel, mais sur une forme d’écholalie. Ainsi Hakim Jemili, qui partout s’épanche sur sa honte passée à se dire musulman, à assumer son identité musulmane, etc. Si Farès parle de sa double culture, ne soyons pas dupes : il se réfère en réalité exactement à la même chose que son collègue, à savoir l’islam.
Pour son spectacle, Malik ne s’est pas trop crevé la paillasse, recyclant quelques-unes de ses vidéos qu’il s’est contenté de regrouper sous un titre fourre-tout. Bref, on l’aura compris, ce n’est pas lui qui brisera le cercle maudit du standup : moi, ma femme, ma mère, ma fille, ma vie de traumatisé. Par delà la banalité affligeante du dispositif, intrinsèque au genre, le spectacle distille discrètement un sous-texte racialiste, pour ne pas dire raciste. ”Dans ma culture”, locution redondante de son numéro, sert en effet de préambule à des considérations exprimant la supériorité d’icelle sur celle des “Blancs”, métonymie désignant les Français de souche, autrement dit, par une sorte de transitivité syntaxique, les non musulmans, autrement dit, les mécréants.
En début de spectacle, Farès le clame, non sans une perceptible pointe d’hostilité : “On partira pas ! Et quand je vois la salle, je me dis même : on ne partira jamais !” Le public, entre trente et quarante personnes, compte six femmes voilées, et c’est sur elles que se porte son regard lorsqu’il prononce cette phrase. Plus que de famille, il sera donc question dans le spectacle du travail de sape mené par les musulmans contre les “Blancs”, travail qui s’effectue à l’insu de ces derniers, à mille lieues de soupçonner le mépris et le ressentiment que leur vouent les gens comme Malik Farès.
Alors, évidemment (et c’est là un motif récurrent chez les islamistes), Farès précise rapidement que sa femme est “française”. Une “grande blonde aux yeux verts”, ajoute-t-il dans la foulée, qui bizarrement (petit raté du copié-collé, sans doute) se trouve dans la suite du spectacle être la fille d’un Vietnamien... Pourquoi, dès qu’un islamiste est marié à une Française prend-il systématiquement la peine de préciser que celle-ci est blonde aux yeux clairs, ou Bretonne, ou Normande (tu peux vérifier, camarade, ça ne rate jamais) ? La raison est bien culturelle, inscrite dans un référentiel tribalo-religieux : la blonde, la “Blanche”, la Française, est un butin pris aux ennemis-mécréants, butin qui dans l’ordre comptable musulman rapportera à celui qui l’a conquise des hassanats, ces bons points facilitant l’entrée du croyant au paradis d’Allah. Ladite Française se “reconvertira”1très probablement, revenant ainsi à sa nature d’être authentiquement humain et à son statut véritable : celui d’une créature d’Allah, s’acceptant comme telle et se soumettant à son créateur. Et même si tel n’est pas le cas, ce qu’autorise l’islam, ses enfants seront qu’elle le veuille ou non musulmans, et ils auront des prénoms arabes. En d’autres termes, la blonde aux yeux bleus est un trophée conquis par le fier prince du désert. Et un trophée, ça s’exhibe.
Le Français pour sa part, dont le logiciel mental obéit à de tout autres références, n’y verra pas malice. Il n’y verra même que du feu : c’est avec une bienveillance sans bornes qu’il considèrera ce “couple mixte”, confirmation concrète de ses croyances : l’amour aplanit l’altérité culturelle, l’islam est une religion ouverte et tolérante, vivant en harmonie avec d’autres systèmes de croyance.