La fabrique européenne de “l’islamophobie”
En 2018, l’ UE publie EU-MIDIS II 2018, étude sur les discriminations subies par les musulmans au sein de l’union. Mensonges, biais organisés et méthodologie claquée au sol : analyse d’une arnaque.
L’inépuisable littérature produite par l’Union européenne et ses satellites (ONG, lobbies, organismes de promotion de l’égalité etc.) sur les discriminations en général et l’islamophobie en particulier se fonde systématiquement sur le même présupposé : les musulmans vivant en Europe sont menacés, intimidés, discriminés, bref, quasi persécutés. L’étude dont il sera ici question, publiée par l’Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA), émanation du Conseil de l'Union européenne, entend confirmer le présupposé par des données “scientifiques”. L’enquête vise par ailleurs à orienter les politiques générales de l’UE, puis des États en faveur des musulmans, notamment en matière de police. Mais de cela, nous parlerons la semaine prochaine… (teasing, suspens et grosse tension)
La ficelle du (double) noyage de poisson
Le titre même de la Deuxième enquête de l’Union européenne sur les minorités et la discrimination Les musulmans – Sélection de résultats témoigne d’une certaine opacité quant aux contours de son objet : est-il question des minorités ou des musulmans ? Les auteurs affirment s’être fondés sur “les expériences et les opinions des immigrés musulmans et des descendants d’immigrés musulmans vivant dans l’Union”.1Fort bien. Première surprise, le lecteur apprend quelques lignes plus bas que les personnes appartenant à l’islam ne représentent en réalité que 42% des effectifs interrogés : sur les 25 000 répondants issus de minorités ethniques et de l’immigration, 10 527 seulement ont déclaré être musulmans. Dès lors que l’enquête se propose, si on se fie à son titre, d’étudier leur cas particulier, il est incohérent, en termes de méthodologie, de s’appuyer sur un ensemble dont le seul point commun est d’être issu de l’immigration. Immigration remontant parfois à quelques siècles, comme dans le cas des Roms invariablement mis en avant par la prose européenne dédiée à “l’égalité réelle”.
Trois motifs discriminatoires sont pris en compte : “couleur, origine ethnique ou migratoire, religion ou convictions religieuses”.2 Les deux premiers motifs (quoique celui d’origine migratoire reste assez énigmatique, la migration ne constituant pas vraiment une origine) se superposent en grande partie, les répondants, à l’exception des populations des Balkans, venant d’Afrique, de Turquie et d’Asie. Quant à la religion, bien qu’elle soit affaire de croyance et non de phénotype, elle recoupe aussi partiellement l’appartenance ethnique. Les trois motifs retenus se chevauchant, ils forment un amalgame qui crée, par glissement catégoriel, une déroutante confusion : de quoi est-il vraiment question dans cette étude, de couleur de peau, d’ethnie, de religion ? Cette dernière renvoie en outre uniquement à l’islam, second glissement métonymique qui brouille un peu plus les pistes en étendant potentiellement le champ de “l’islamophobie” : les personnes interrogées, si elles s’estiment discriminées, sont bien en peine de définir pour lequel des trois motifs elles le sont, chacun étant imbriqué dans les deux autres. Leurs réponses ne reposant par ailleurs que sur leur sentiment, l’arbitrage en faveur de l’un ou l’autre de ces motifs sera, naturellement, lui aussi subjectif.
Couleur de peau et ethnie semblent ainsi plutôt avoir vocation à noyer le poisson religieux, ce dernier ayant lui-même vocation à noyer le poisson musulman. Non seulement ça fait beaucoup de poissons noyés, mais en plus, la confusion des catégories ainsi organisée est tout à fait conforme au système islam, le “din” confondant lui aussi race, culture et religion en une seule et même entité.
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