Quand Merwane Benlazar "randonnait" avec ses amis barbus.
En 2018, sous la houlette de Kader Aoun, Merwane Benlazar racontait sur la scène du Rond-point son expérience du "khourouj", pratique du mouvement salafiste Tabligh.
Le 23 mai 2018, Kader Aoun, qui à l’époque officiait comme programmateur au théâtre du Rond-point de Jean-Michel Ribes, invitait dans le cadre d’un plateau découvertes quelques-uns de ses poulains, jeunes pousses selon lui prometteuses du standup. Se présentant comme leur “grand frère” ayant été élevé par ses “frères et sœurs” du “ghetto”, aka la cité de l’abreuvoir de Bobigny, Kader Aoun vante parmi ses invités un certain Merwane B. : “un petit qui est génial”, dit-il (9”01).
Je passe rapidement sur les trois autres “talents” invités. Ne disposant que de l’enregistrement sonore disponible ci-dessous, il ne m’a pas été possible de voir l’événement. L’écoute suffit néanmoins pour saisir le malaise : silence lourd de gêne ponctuant chaque vanne (que seul le ricanement vaguement stressé de l’artiste permettait d’ailleurs d’identifier comme telle), absence quasi totale de rires, désarroi perceptible des stand-uppers face au néant de réactivité du public. Même le rire mécanique, cet habituel réflexe pavlovien suscité par la médiocrité comique, et dont la cause réside essentiellement dans le fait qu’on a payé sa place et qu’on s’est déplacé, faisait cruellement défaut. Que le public du Rond-point, pourtant très ouvert à la “diversité”, ait ainsi réagi, ne constituait qu’un juste retour des choses, résultant peut-être aussi d’un effet de sidération : les jeunes pousses en effet n’ont eu de cesse de l’humilier, usant envers lui d’un langage clairement raciste, exprimant ainsi une hostilité aussi insultante que gratuite.
AZ, qui commettra quelques années plus tard un sketch bien vomitif sur l’Hypercasher, ouvrit ainsi le bal : “On va baisser la lumière, là, parce qu'il y a des têtes très étranges. Voilà, c’est bon, on les voit plus.” (10”44) Ok d’accord, on a compris : les bourgeois, ces Blancs venus nous écouter, on va bien leur chier à la gueule. Assez rapidement, les choses deviennent plus lisibles encore : pour les jeunes talents des kartchiers, la tare du public présent ce soir-là résidait au moins autant dans le fait de ne pas avoir d’origines exotiques visibles que dans celui de ne pas être musulman. On le sait, l’islam s’impose et s’étend par le biais de ses dispositifs religieux (obligation de se convertir pour le non musulman souhaitant convoler avec une musulmane, islamité des enfants nés de couples dont la mère est chrétienne ou juive), par des actes violents qui vont semer la terreur et lui permettre d’exercer un chantage au terrorisme, lequel va à son tour permettre de déployer l’ingénierie sociale du soft power frériste. Le mécréant, en tant qu’il ne participe pas de la seule vraie religion définissant la nature humaine, doit être du point de vue de l’islam un objet de mépris.
AZ, toujours : “Les gens ont peur des Arabes (…) On a les noms et les prénoms qui font le plus peur au monde. Oussama Ben Laden, ça fait peur. Tu ne peux pas ouvrir le JT de TF1 comme ça : “Mesdames et messieurs, une prise d'otage a lieu actuellement à Montréal. Le forcené serait Antoine Millou… Ca ne marche pas. Antoine Millou, c’est pas un nom de preneur d’otage, c’est un nom d’otage.”
En quelques phrases, on tient là un condensé significatif, motifs entremêlés que l’on retrouve chez tous les stand uppers se présentant comme musulmans. L’amalgame arabe/musulman pour commencer, confusion propre aux islamistes, qui font de l’islam une “race”, laquelle à son tour se confond avec l’arabité. L’allusion à la peur que suscite l’islam, ensuite, peur renvoyant implicitement à l’étendue de sa puissance, représentation conforme à l’habitus islamo-tribal, qui tient la violence pour critère de valeur et fondement du pouvoir. La moquerie envers ceux qui frémissent au nom de Ben Laden, comme si leur peur n’avait aucune raison d’être, ou, pire encore, comme si elle était signe de leur faiblesse. Et le bouquet final : Ben Laden qui suscite la crainte (confondue avec le “respect” selon les représentations islamo-tribales) versus Antoine Miliou, français de souche et mécréant, en tant que tel voué au statut de victime.
Le bobo a beau être concon, il sait encore percevoir la haine et le mépris quand ils lui sont adressés, même si entre perception et acceptation de la chose pour ce qu’elle est, le pas est pour lui difficile à franchir : s’il faisait le lien entre ses justes perceptions et les caractéristiques religieuses et ethnico-culturelles de ceux qui les ont provoquées, il cesserait alors d’être “de gauche”. Et ne pas être de gauche, pour le bobo, c’est bien la chose la plus grave au monde.
Lenny M’Bunga, capture d’écran festival de Montreux 2020
Après AZ, Lenny M’Bunga. Lenny, lui, se sent très mal quand il fait ses courses au Biocoop : étant noir, il est l’objet de tous les regards (bien sûr). Est-ce qu’aller au Biocoop va la dénoiriser, lui faire perdre sa street credibility ? Bref, gros questionnement métaphysique, et surtout, énooooorme talent humoristique.
Seb Mellia, autre talent présenté, le seul à avoir un tant soit peu travaillé son intervention, endosse pour sa part avec un zèle qu’on pourrait aisément qualifier de servile le personnage de la victime. Et, ma foi, c’est bien normal : être non musulman et vivre dans l’écosystème halalisé de Saint-Denis, ça contraint mécaniquement à la dhimmitude…. “Être Blanc dans le 93, c’est pas facile”, commente ainsi Kader Aoun en rigolant (1”03’54)… On a bien compris : le Blanc, c’est le mécréant.
Mais venons-en à Merwane B., “génial” selon Kader Aoun, qui pour autant n’était pas annoncé au programme publié par le Rond-Point. Merwane B. ??? Mais, mais, mais…. Le gars aurait-il un lien avec le jeune barbu qui il y a deux semaines fit tant rire Anne-Élisabeth Lemoine sur le plateau de C'est à vous ? Trêve de suspens, camarade ! La réponse est oui. Voix et élocutions identiques, origines algériennes, localisé à Pierrefitte : Merwane B. est bien Merwane Benlazar.
Alors, que racontait le jeune et génial Merwane en ce printemps 2018 (25”24) ? Merwane, dont je rappelle qu’il fut défendu cette semaine par toute la bobo clique, qui refusa mordicus de voir en lui un islamiste, hurlant au racisme de ceux qui, eux, voyaient bien ce qu’ils voyaient. Confirmant ce faisant, et à leur insu, l’équivalence bobo=Blanc=soumis, si chère au cœur de Merwane et de ses amis.
Ceci n’est pas un salafiste.
Et ceci n’est pas une randonnée…
Merwane, donc, qui “aime beaucoup la spiritualité”, suivait des cours d’arabe à la mosquée. “Je ne sais pas s'il y en a dans la salle qui ont pris des cours d'arabe, mais je vois un peu les visages, et je sais que non…” Dis-moi au passage, camarade, Merwane fait-il ici preuve de racisme, ou s’agit-il plutôt de koufarophobie ? Bref, quoi qu’il en soit, l’imam propose à ses élèves une randonnée dans les Alpes, petit voyage de fin d’année destiné à les récompenser. Alors, cette “randonnée” ?
“Quinze barbus en tenue de sport au milieu d'une montagne, c'est vraiment pas une bonne idée. Il y a des gens qui (…) redescendaient, ils nous croisaient, ils disaient : “Bon, on remonte.””
Le cadre est posé : une quinzaine de salafistes (les barbus, comme les désigne tout Arabo-berbère, qui lui, sait très bien à qui il a à faire lorsqu’il croise un gars en calotte-khamis-claquettes) en goguette sportivo-spirituelle face à des Blancs, définis comme “des vieux en legging”. Merwane assume : il ne connaît pas bien “les sports de Blanc”. Dès lors, en quoi consistait la “randonnée” à laquelle il prit part ?
“Le moment où [les vieux en legging, aka les Blancs] nous rencontrent, (...) c'était l'heure de la prière. Imagine ta rencontre avec des musulmans : il est 23h, c'est dans les bois. Et ces musulmans, ils ne sont pas que musulmans. Ils sont tous alignés, dans le silence. Et le seul moment où ils parlent, ils parlent tous ensemble (...) c'est pour dire Allahu Akbar. Je te jure, on a mis une ambiance dans la montagne !” (28’16)
Les choses se précisent : quinze barbus quittent la ville pour la montagne quelques jours durant, font la prière alignés dans les bois, à 23 heures, et crient en chœur “Allah ouakbar”. Ce que Merwane appelle “randonnée” lorsqu’il s’adresse aux bobos mécréants porte en réalité un tout autre nom, celui de “khourouj”, terme qu’il se gardera évidemment de prononcer.
Ma kèsako, le “khourouj” ? Le mot, en arabe, signifie "sortie" ou "expédition". Le “khourouj fi sabilillah” (sortie dans le sentier d’Allah) consiste ainsi à partir en groupe pour une durée d’au moins trois jours, sous la houlette d’un guide religieux, imam ou autre, dans un lieu reculé, à l’abri des regards et d’une possible surveillance policière, en vue de “fortifier sa foi” et de resserrer les liens oummaesques. Contrairement au public du Rond-point, les gars de cité savent très bien ce qu’est le khourouj, qu’ils traduisent par “pèlerinage”, et non par “randonnée”.
La pratique du khourouj par ailleurs est typique du Tabligh Jamaat, mouvement salafiste pakistanais prosélyte très présent en France. Dont, de toute évidence, participe le comique génial défendu par France inter.
Mais trêve de considérations stigmatisantes et racistes : revenons au récit de Merwane, aussi pénible à écouter qu’instructif. Pour la faire courte, après être allés partager leur repas avec les vieux en legging sur les bons conseils de leur imam (vous avez donné “une mauvaise image de l’islam”, les gars, va falloir réparer ça), les barbus accèdent au sommet de la montagne. Où ils se retrouvent entourés de Blancs, qui malgré le repas précédemment partagé, ne se remettent visiblement pas d’avoir vu 15 barbus crier Allah Ouakbar en pleine nuit : “Il y a même un mec qui a dit : “J'ai vu des reportages, normalement, ils ne survivent pas à cette altitude.” Je vous jure, il y a un mec qui a dit ça. Je lui ai dit : “Si, quand même, le 11 septembre.”” Ah ah ah.
Écoutant toujours l’imam, qui leur délivre “de belles paroles prophétiques” sur la patience qu’il convient d’observer avec “ces gens-là”, les barbus vont ensuite boire un jus de goyave (?) au bar. Et là, camarade, c’est carrément folaï : ils se retrouvent entourés de gendarmes toute sirène hurlante, tandis qu’un hélicoptère du Raid tourne en cercle autour d’eux… Et ce brave Merwane, qui commet une inoffensive blagounette dans laquelle il est question de convertir un volcan, est mis en garde à vue pour 48 heures. Tu l’auras compris : c’était un coup des vieux Blancs qui n’avaient eu de cesse, à peine les merguez de l’amitié islamo-mécréants avalées, de les dénoncer aux autorités militaires locales… De gentils barbus injustement persécutés, des Blancs en legging aussi lâches que crétins : en guise de talent, Merwane Benlazar présente surtout le pack rhétorique complet du salafo-frériste (mythomanie de quatre ans d’âge mental, humiliation des mécréants, racisme, inversion victimaire). Le tout ponctué de ricanements, arme psychologique destinée à déstabiliser l’ennemi et à le priver de réaction discursive. Une pratique habituelle chez les islamistes, a fortiori lorsqu’ils œuvrent dans l’”humour”.
Toujours aussi pertinent et argumenté.
C’est effarant, cette niaiserie et cet aveuglement des bobos qui déroulent le tapis rouge aux salafistes.