Anne-Sophie Nogaret

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Pourquoi les athées algériens ne sont-ils pas des femmes ?

Pourquoi les athées algériens ne sont-ils pas des femmes ?

Réponse de Mohamed, apostat algérien.

août 11, 2024
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Pourquoi les athées algériens ne sont-ils pas des femmes ?
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En Algérie, les apostats sont essentiellement des hommes. Quand je dis “essentiellement”, il s’agit vraiment d’une écrasante majorité. Je ne connais quasiment pas d’apostates. C’est étonnant parce que la situation des femmes dans mon pays est dramatique. Comme les Juifs, elles sont les boucs émissaires de la société. Il n’y a plus de Juifs en Algérie, mais il reste les femmes, traitées comme des bouts de viande, insultées et harcelées toute la journée. Traitement encouragé par les imams, qui martèlent que celles qui ne portent pas le voile sont des putes, et que montrer ses cheveux est un appel au viol. Avec ce genre de discours, la racaille se sent légitimée à harceler les femmes. Quand j’étais ado, je connaissais bien ces hittistes, ces gars qui tenaient les murs, et pas seulement les murs d’ailleurs, mais toutes les rues d’Algérie. Ils attendaient les filles à la sortie des cours pour leur souffler des insultes à l’oreille : “Je vais te niquer, sale pute” etc. Tous les jours, les gamines subissaient ça, sur le chemin entre l’école et chez elles. Je les trouvais très courageuses de continuer à aller à l’école, puis de faire des études : si j’avais subi ne serait-ce qu’un dixième de ce traitement, j’aurais pété les plombs. 

La tentation féminine du coranisme

Alors, c’est vrai, des Algériennes s’indignent de la misogynie de la société, du statut de sous-être que leur réserve la loi. Mais dans ce cas, elles ont tendance à se tourner vers le féminisme. Bien qu’elles comprennent que la misogynie en question trouve ses racines dans l’islam, elles ne vont pas pour autant apostasier. D’après mes statistiques personnelles, lorsqu’une femme commence à douter de l’islam, elle devient généralement “coraniste”, terme désignant un courant de pensée qui rejette les hadiths (récits rapportés concernant les paroles, faits et gestes du prophète), la Sunna qui sert de base au droit musulman. C’est dans la Sunna, deuxième texte fondateur de l’islam, qu’on trouve les pires considérations à propos des femmes : elles y sont décrites comme des déficientes mentales, des créatures qui peuplent l’enfer, etc. Les coranistes, comme leur nom l’indique, veulent conserver le seul Coran comme référence religieuse.

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