Hicham Touili Idrissi : faire carrière grâce à l'Internationale islamiste
Quand l'appel à l'intifada permet de passer dans le poste, de briller sur Tiktok et de finir assistant de Rima Hassan au Parlement européen.
Si le landernau politico-médiatique s’est bien ému de l’appel à l’intifada lancé par Elias d’Imzalène début septembre, il semble pourtant, sur ce sujet en particulier, avoir la mémoire aussi courte que sélective. N’oublie-t-il pas en effet qu’il y eut quelques précédents, dont celui qui en mai dernier s’affichait sur les murs de l’École normale supérieure ?
N’oublie-t-il pas également, le landerneau politico-médiatique, les étudiants de Sciences po Paris, qui non pas une, mais plusieurs fois, ont appelé au soulèvement en mode Filistin ? Les appels à l’intifada, en réalité, il y en eut régulièrement depuis un an, comme en témoignent les campus américains de l’IVY league, les universités et grandes écoles européennes : l’Internationale islamiste, à l’instar de son prédécesseur communiste, sait qu’il faut investir au premier chef l’académie pour modifier la configuration mentale d’une société.
En France, un des derniers appels à l’intifada remonte au 29 septembre dernier, publié en story sur le compte Instagram d’un certain hichamwalipalace, depuis opportunément supprimé (le compte, hein, pas le gars). Surpraïse surpraïse, il s’agit de Hicham Touili Idrissi, encore récemment étudiant à Sciences po, devenu depuis assistant parlementaire de Rima Hassan. Le gars n’en pas à son coup d’essai : le 22 novembre 2023, il appelait déjà depuis la rue Saint-Guillaume à une “intifada globalisée”, entre Gaza, Paris et New York, organisant le foutoir qui y régna des jours durant avant de se dupliquer ailleurs, à l’ENS notamment. Le lancement de la saison automne-hiver de Hicham fut un succès, si on en juge le délire qui s’est emparé de Sciences po les jours passés. Il risque néanmoins de moins rigoler dans les mois qui viennent, Luis Vassy, le nouveau directeur du 27 rue Saint-Guillaume, venant de saisir la justice, comme l’impose l’article 40 du code de procédure pénale à un fonctionnaire ayant eu connaissance d’un crime ou d’un délit. Hicham a depuis également fermé son compte Tiktok.
Le cas Touili Idrissi est très intéressant. D’abord parce que nous avons ici affaire à un archétype : pur produit de son temps dont la “pensée” se réduit aux éléments de langage formulés en globish, dont la substance réside dans l’image trop cool qu’il veut donner de lui sur les réseaux sociaux, entre Berlin, New York, Séoul, Rio et Miami où semble se dérouler sa vie d’aspirant clubber tendance queer. En clair, Hicham est un petit Narcisse inconsistant qui joue au fêtard mondialisé sur Instagram et Tiktok, se présentant aussi comme “artiste”. Pas de quoi appeler sa mère, donc, même si on se demande quand Hicham étudie, comment il finance ses séjours aux quatre coins du monde, et surtout, surtout, à combien s’élève son bilan carbone (non, je rigole, ça on s’en bat les steaks). Une remarque traverse l’esprit à la consultation de son compte Tiktok : lui qui passe sa vie à voyager ne se rend bizarrement jamais dans le monde arabe, si on excepte un séjour en Jordanie apparemment organisé par Sciences po. Pour un militant palestiniste, ça fait pas très sérieux.
L’art du pipo-bimbo
Hicham par ailleurs appartient à cette génération d’enfants issus de l’immigration à qui, sous prétexte d’”égalité des chances”, on a fait croire que la réussite fonctionnait à la tchatche et au pipeau (merci Richie Descoings). Vise-moi cette bio Linkedin, camarade : un modèle d’imposture rédigé en globish, comme il se doit pour tout étudiant en “droits humains” passionné par le “social change” (mais qui visiblement ignore l’existence de la virgule et l’usage des majuscules). Zou, c’est parti : Hicham est donc “photographer & filmmaker, Sciences Po graduate of Human Rights and Humanitarian Action passionate about arts as a means to amplify awareness and drive social change. Skilled researcher and public relations manager with over 3 years of experience in academic research and 7 years in public-facing roles.”
On le pensait étudiant à Sciences po, mais en fait non pas du tout : en vrai il est cinéaste et photographe. Faut reconnaître, c’est plus sexy. Son œuvre ? Deux clips sans intérêt (celui-ci, 75 vues en trois ans et celui-là, 994 vues en un an), quelques photos du même tonneau. Hicham participe ainsi d’une autre réalité liée à l’époque, celle de la pensée magique : et que je ponds deux clips et dix photos, et que je dis que je suis artiste, et que pif pouf bim wizz, hop je suis artiste. On appelle ça : une carrière performative.
Mais Hicham n’est pas qu’artisterie, creativity et sensibilitisme. Non. C’est aussi un étudiant brillant et engagé, un “chercheur qualifié” après avoir suivi une “license” (sic) en “droits humains”. Quant aux “trois années d’expérience en recherche académique” affichées, on ne voit pas à quoi elles correspondent, à moins bien sûr de considérer qu’un étudiant en master soit chercheur… Performativité du discours, toujours.
L’idéologie de l’Open society est le cadre naturel dans lequel s’inscrit Hicham, qui a le look et l’existence d’un jeune homosexuel occidental, et dont le mémoire de master fut consacré à la "Queer Muslim Innovation : Queering Muslim political organizing in post-9/11 United States". Là encore, s’exprime un paradigme générationnel largement exploité par les islamistes : la suppression de l’extériorité du “chercheur” à son objet d’étude, dont le périmètre se réduit aux petits segments identitaires dont celui-ci se réclame.
Islam et Palestine : les grands absents
La seule chose véritablement surprenante concernant Hicham ne réside donc pas tant dans sa personnalité (il y en a des paquets, des comme lui), que dans son absence totale d’intérêt pour la cause palestinienne jusqu’à l’automne dernier : avant fin août 2023, nulle trace d’arabo-bérbérisme (sur Linkedin, il se dit plus à l’aise en coréen qu’en arabe…) ou d’islam sur son compte Tiktok. Deux éléments qui habituellement accompagnent pourtant toujours le palestisnisme, a fortiori chez les militants issus de l’immigration musulmane.
Certes, il a organisé en mai 2023 le projet Walipalace, qui mêle “cuisine, traditions et récits historiques, une organisation de moments de rencontre festifs autour de repas nord-africains dans une perspective de partage et de transmission intergénérationnelle”. Ok d’accord, même si en langage normal, on parlerait plutôt d’un couscous à la fête des voisins. Grattage de nombril ethnico-arty (le tajine de tata Rachida, nanani, l’odeur du jasmin nanana) que subventionne volontiers la kultchure institutionnelle : aucun intérêt là encore. Pour autant, rien à voir avec un quelconque appel à l’intifada.
La question se pose : comment de petit jeune homme paradant sur les dancefloors berlinois, totalement indifférent à Israël, au monde arabe et à l’islam, Hicham a-t-il pu muer en activiste-keffieh-poing levé, organisateur en mai dernier de l’occupation de Sciences po Paris ?
Harvard, intifada, keffieh : toutes premières fois, toutes toutes premières fois
En juin 2022, Hicham, qui aspire visiblement à une vie d’artiste en cinéma, passe le concours de la FEMIS. Il n’est pas pris. Fin 2023, il apparaît sur la scène palestiniste, là où personne ne l’avait jamais vu, jouant même le rôle de leader. Entre ces deux dates, que s’est-il passé ?
En août 2023, il s’est rendu aux USA, destination jusqu’alors absente de ses voyages. New York d’abord, puis Harvard. Là, précisément, où retentiront trois mois plus tard des appels à l’intifada défendus par la présidente Claudine Gay, elle-même pur produit de la discrimination DEI, dégagée depuis pour avoir plagié ses “travaux” universitaires. C’est marrant, hein ? Ce qui est marrant, aussi, c’est que c’est pendant ce séjour américain que Hicham, pour la première fois, va, au détour d’une vidéo Tiktok, furtivement poser en activiste à keffieh. Le 29 septembre 2023 : huit jours avant les massacres du 7 octobre.
Le port du keffieh, arboré cette fois en mode intifada, se confirme le 8 novembre, accompagné d’une blagounette bien vomitive sur le Halloween ayant eu lieu en Israël un mois auparavant. Je te laisse apprécier, camarade, la pure saloperie du gars et de ses copains.
Comité Palestine
Comme le décrit cet article de Mondafrique, la mue palestiniste de Hicham est entouré d’un certain mystère. Selon le narratif, il aurait fondé le Comité Palestine Sciences po en novembre 2023. Le comité se présenterait comme une nébuleuse, orga informelle, autogérée, horizontale et démocratique, sans chef ni comité exécutif. Une des deux militantes interrogées par Mondafrique dément pourtant le narratif : “Ils te diront que tout se fait lors des AG démocratiques et dans les boucles Telegram, mais en réalité (...) il y a un noyau dur qui organise les actions militantes, et le reste suit et confirme”. Mystérieux noyau dur, réduit à deux personnes : Hubert et Hicham. Ce dernier, soi disant Palestinien, militerait “pour la cause bien avant le 7 Octobre”, et refuserait d’indiquer son nom de famille par crainte des représailles de l’administration ou des “fachos” (À Sciences po, on est vraiment chez Guignol).
Tu l’as compris, camarade, le Hicham évoqué par l’article de Mondafrique est bien le futur assistant parlementaire de Rima Hassan. On dénombre néanmoins deux glaoui dans le potage narratif : Hicham, comme en témoigne la présentation de Wali-palace, est maghrébin, et non palestinien.
Quant à l'ancienneté de son supposé militantisme pro palestinien, on veut bien, mais comme dit plus haut, il n’en existe pas trace avant novembre 2023.
Hicham, recrue opportuniste des Frères ?
Reprenons : Hicham aime les paillettes, les voyages lointains, la fête et les spotlights, mais il a échoué à la FEMIS. Quant à Sciences po, dont il est diplômé depuis l’été dernier, il ne semble éprouver à son endroit qu’un abyssal mépris (il faudra un jour analyser le rôle que joue le mépris dans le processus de discrimination positive, mais ceci est un autre sujet. Bref).
Si Hicham n’intéresse pas la Femis, il présente un profil qui peut en revanche intéresser les Frères : issu de l’immigration musulmane, narcissique, cherchant la lumière, rompu à l’imposture, voulant atteindre le haut de l’échelle sociale et médiatique sans s’emmerder à gravir les échelons. La dimension queer est un plus, qui permet de rallier les intersectionnels tout en masquant le sort que réservent le Hamas et l’islam aux homosexuels.
Au vu de ces éléments, on peut émettre l’hypothèse suivante : il n’est pas impossible que Hicham ait pu assouvir son désir de célébrité et ses besoins financiers en devenant acteur pour le compte de l’Internationale islamiste. Le Coran et la Sunna en effet revendiquent la corruption comme moyen d’expansion de l’islam. Ce qu’appliquent les frères musulmans, qui recrutent aussi des profils dont le fort n’est pas vraiment la piété islamique mais plutôt le goût pour une réussite facile, organisant par ailleurs une dépendance financière qui assujettit ceux-ci très efficacement à la cause, bien plus que ne le ferait la simple conviction idéologique.
En janvier 2024, le Comité Palestine est reconnu pas Sciences po. Le 13 mars, Hichem entame donc sa carrière médiatique de palestiniste officiel sur BFMTV. La veille, une étudiante juive, traitée de sioniste, s’était vu refuser l’accès à l'amphithéâtre où se déroulait sans autorisation un événement organisé par le Comité. L’intervention de Touili Idrissi sur BFMTV est un tissu de mensonges, d’affirmations invérifiables qu’il assène avec aplomb. Au mot près, il réitérera le propos sur son compte Tiktok, semblant réciter un texte écrit à l’avance.
Deux jours plus tard, rebelote sur Blast.
Hicham y arbore le keffieh qui ne le quittera plus, costume de son personnage, s’exprimant sous l'œil d’une jeune fille, elle aussi costumée Filistin version soeurette. Le body language, y a que ça de vrai : coupe le son et regarde la vidéo, camarade. Dis moi que la petite jeune fille pudique n’est pas là pour surveiller qu’il récite convenablement son texte : visiblement, la mémoire et le jeu d’acteur de Hicham n’ont pas toute la confiance de ses employeurs. Pour le fond, la routine : mensonge sur mensonge, reprise du discours palestiniste de sa future patronne au Parlement européen, “génocide”, “blocus de Gaza par Israël” “illégalité internationale” etc.
Le 26 avril, Rima Hassan vient elle aussi pousser la chansonnette devant Sciences po, entourée de sa garde rapprochée. Des étudiants exhibent leurs mains peintes en rouge, imitant ceux qui avaient massacré deux soldats israéliens à Ramallah pendant la deuxième intifada. On admire au passage le profil voilé-masqué des étudiantes Diversity Equity Inclusion de la rue Saint-Guillaume et de la Sorbonne, qui causent “droit intchernassional” en pur mode kartchier. Yo.
Le 30 avril, le Filistin tour se poursuit chez Rissouli. Mensonges, encore, toujours les mêmes. Début mai, Hicham est trop content, face aux caméras. Il connaît enfin le succès.
Hicham a fait ce que lui demandait l’Internationale islamiste et enkysté l’hystérie antisémite du palestinisme à Sciences po, bénéficiant d’abord de la lâcheté de la direction, puis de sa vacance jusqu’à hier. Il a certainement créé des relais sur place, qui agiront cette année tandis que lui continuera à œuvrer depuis Bruxelles et Strasbourg, aux frais du contribuable. Le comité Palestine Sciences po participe ainsi du déroulement organisé d’un plan transnational, comme en témoigne la chronologie des manifestations antisémites dans l’ensemble du monde occidental, sur les campus notamment. Hicham n’est que le petit exécutant d’un agenda dont il devrait comprendre que celui-ci, à terme, ne prévoit pour lui que le fait d’être précipité dans le vide.
Beaucoup de mots pour ne dire, au final, qu'assez peu de choses. Une belle biographie d'Hicham, au sarcasme bien tourné, mais suivie d'accusations graves qui ne reposent sur aucun fondement et qui, en plus de vous avoir pris bien trop de temps au vu l'ampleur réelle de l'affaire, contribue juste à l'accroissement de la diabolisation du militantisme étudiant.