Anne-Sophie Nogaret

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Comment j'ai compris ce qu'était l'islamo-tribalisme.

Comment j'ai compris ce qu'était l'islamo-tribalisme.

Ça a mis le temps, mais maintenant, ça y est, je sais.

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Anne-Sophie Nogaret
avr. 27, 2025
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Anne-Sophie Nogaret
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Comment j'ai compris ce qu'était l'islamo-tribalisme.
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Me concernant, la découverte de l’altérité islamo-tribale (dans sa déclinaison arabo-berbère) s’est faite au fil du temps, au gré de quelques épisodes égrenés entre l’enfance et la maturité. Une découverte sur le temps long qui s’amorça, paradoxalement, par une inconscience totale : je constatais, je ressentais, et je ne comprenais rien.

L’enfant qui fumait.

Le premier épisode remonte au tout début des années 80, lorsque je quittai ma petite école primaire pour entrer au collège, dans un établissement qui regroupait aussi un lycée, situé dans une ville bourgeoise de l’est parisien. Les quelques HLM de la ville étaient de mignonnets immeubles de quatre étages, entourés d’arbres et de pelouses, où vivaient petits fonctionnaires et employés.
Dans la cour du collège, je remarquai un garçon, à peu près de mon âge, les traits fins, les yeux aussi verts que l’anorak qu’il ne quittait jamais, quel que fût le temps qu’il faisait. Dans la cour, il déambulait toujours seul, arpentant l’espace d’un air tourmenté, clope au bec, mains enfoncées au fond des poches. On était en 1979, dans un établissement où aucun collégien, a fortiori de cet âge, n’aurait eu l’idée de fumer au nez des pions. Je l’appris bien plus tard : à peine majeur, le gamin mourut d’une overdose d’héroïne. Les années 80 et leur cortège de glauquerie, dans une ville où on ne pouvait décemment accuser un urbanisme délétère ou la relégation des immigrés.

La piscine

À cet âge-là, j’avais l’habitude d’aller à la piscine le dimanche. Ma famille cultivant une saine horreur de tout ce qui pouvait ressembler à du sport, j’y allais seule. Dans le bassin, les baigneurs se comptaient sur les doigts d’une main. Un de ces dimanches, alors que j’étais dans les douches, je me suis soudain trouvée encerclée par quelques gosses visiblement décidés à m’emmerder ; ils avançaient leurs mains vers moi, tandis que leur chef, un petit gros, me collait en ricanant. Je ne sais plus comment, j’ai pu leur échapper, m’enfermant dans une cabine où je me suis rhabillée comme je pouvais, un peu stressée quand même. Je me souviens très bien, en revanche, les avoir entendus à quelques centimètres de moi, de l’autre coté de la cloison qu’ils tentaient d’escalader pour me surprendre. Ils rigolaient, tout en donnant des coups dans la paroi ; de toute évidence, me faire peur les mettait en joie. D’un seul coup, ce fut le silence : ils avaient dû passer à autre chose. Je me suis vite carapatée, et je ne suis plus allée à la piscine le dimanche.

L’incruste à la boum

Le collège, toujours. Chaque année, une fille de ma classe organisait une fête pour son anniversaire. Et chaque année, c’était le même cirque : une bande de gars que personne ne connaissait, et dont personne n’a jamais compris comment ils avaient bien pu à chaque fois être au courant de la chose (c’était le temps du téléphone filaire, hein…) déboulait et s’incrustait. Ils n’étaient pas directement violents, mais leur attitude, que nous ne comprenions pas, suscitait immédiatement de fortes ondes de tension. Débarquant sans avoir été invités tout en exigeant d’être acceptés, alors que leur façon de s’imposer (par le nombre, notamment) contrariait, précisément, les règles de base de la sociabilité que nous connaissions. Prétendant participer à la fête, mais rejetant les codes de l’hôte et de ses invités, qu’ils traitaient avec un mépris ricanant.

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