Comment gagner une mairie sans se présenter aux élections (Fatima Ouassak, épisode 2)
Retour sur les élections de 2020 à Bagnolet, et le coup d'état municipal opéré par Fatima et son époux, Youcef Brakni
“Agir local, penser global” : en accord avec le slogan frériste qu’elle martèle volontiers à son auditoire musulman, c’est donc à Bagnolet, où elle habite, que Fatima Ouassak va dans un premier temps concentrer ses efforts. Nous sommes en 2015. Ses enfants, tout juste scolarisés, lui inspirent son premier cheval de bataille : les “repas sans viande” à l’école.
Sans viande, végétarien, halal ? On ne sait pas.
Habile, comme dirait Hubert. Recouvrant à la fois le “végétarisme” (qui lui-même recoupe “l’écologie”) et l’école, la manœuvre permet certes de rallier le tout-venant écolo-bobo de Bagnolet-Montreuil, mais aussi et surtout les fédérations de parents d’élèves. Car tel était très probablement le but premier : infiltrer une structure qui, par capillarité, permet, sinon d’influencer directement l’institution scolaire, à tout le moins de potentiellement la perturber, les profs, l’administration et les rectorats se transformant comme par réflexe en statue de sel face à tout géniteur d’apprenant. Géniteurs dont les représentants, non contents d’assister aux conseils de classe et de discipline, siègent aussi aux conseils d’administration des collèges et lycées. De quoi bien faire chier le monde en effet.
La Fédération des Conseils de Parents d'Elèves, dont Ouassak fit selon ses dires brièvement partie, parut pourtant rétive à son combat, décelant apparemment en celui-ci non pas tant le souci du bien être nutritif des ch'tits nenfants inscrits à la cantoche, que le halal en embuscade. Tu m’étonnes. Dans le narratif de Ouassak, ce rejet justifia le fait qu’elle créa Front de mères en 2016, “syndicat de parents d’élèves” implicitement dédié aux enfants “des quartiers populaires issus de l’immigration”, expression symbolique et performative du séparatisme qui est non seulement son fond de commerce, mais aussi sa colonne vertébrale existentielle.
Alors, les “repas sans viande” à l’école : jalon vers le halal ou non-non-non-pas-du-tout ? En juin 2019, Fatima donne la réponse à Reporterre :
Question : Au fait, pourquoi êtes-vous végétarienne ?
F. Ouassak : Pour des questions éthiques et religieuses. Le mot "hallal", pour la communauté rifaine, ne signifie pas qu’il suffit d’égorger l’animal, et dire une prière. À leur arrivée en France, les Rifains se sont organisés pour élever des animaux selon leurs principes. Encore aujourd’hui, dans ma famille, mes parents ne mangent de la viande que si elle vient de certaines fermes. Quand je suis venue faire mes études à Paris, je n’avais plus accès à cette viande. Donc j’ai préféré m’en passer.